Fanfic sur Hero Corp

Une fois que tous les super-héros furent remis de leur beuverie, il fallut presque deux heures pour rassembler tout le monde et expliquer le... Le "plan", à défaut de trouver un meilleur terme.

Il y eut des protestations, mais la gueule de bois aidant, ils suivirent le mouvement. Et, aux environs de minuit, une quinzaine de personnes quittèrent le port sans un bruit. Enfin, façon de parler. En réalité, Klaus se prit les pieds dans une corde qui servait à attacher un bateau, et se rattrapa à Doug qui se rattrapa à Steve qui se rattrapa à Ron qui se rattrapa à moi qui me rattrapai à John qui soutenait Jennifer. Tout ce petit monde, dans un vacarme épouvantable, tomba sur Valhur, Mary, Neil, et John senior qui ouvraient la marche.

Etonnament, personne ne vint voir ce qu'il se passait. L'air de rien, nous nous relevâmes en sifflottant (nous aurions peut-être dû éviter, d'ailleurs, ça n'arrangeait pas le volume sonore) avant de continuer notre chemin.

Une fois en pleine campagne, nous pûmes marcher de manière un peu plus espacée, un peu plus libre. J'étais seule, un peu à l'écart du groupe, perdue dans mes pensées, quand une main vint prendre la mienne. Je levais les yeux. Captain Sports Extrêmes me regardait en souriant. Je lui rendis son sourire et nous continuâmes à marcher côte à côte, en silence. Silence qu'il ne garda pas plus de dix minutes, bavard comme il l'était. Il se mit bientôt à discourir sur ses meilleures performances sportives et je fis mine de l'écouter attentivement, même si, pour être franche, ça ne me captivait pas vraiment.

Il y eut un bruit dans les épis de blé. Un bruit qui signifiait que quelqu'un s'y cachait. Nous marchions tous sur les petits chemins qui sillonaient le champ. Quelqu'un nous suivait.

J'ai toujours été impulsive. On me l'a souvent reproché. Fidèle à ma réputation, j'ai donc sauté sur l'intrus. Un cri de protestation s'éleva:

-Hé! Tu me marches dessus!

-Burt? M'exclamai-je, étonnée.

-Pousse-toi de là, je peux plus respirer!

Je me relevais.

-Qu'est-ce que tu faisais là?

Il répondit comme si c'était évident:

-Je mets au point mes techniques de camouflage.

Au moment où j'allais lui expliquer que ce n'était pas super discret, John surgit derrière moi et s'écria:

-C'était top! Super, on a rien vu!

Pui il me marmonnait à l'oreille:

-Surtout tu lui dis pas que c'était foiré, d'accord?

Burt fit un grand sourire et reourna sa cacher. John s'adressa à moi:

-J'ai besoin que tu t'occupes de rassembler tout le monde. Ils se sont éparpillés, et il faudrait qu'on se retrouve tous ici. On vient de retrouver The Lord.

-Où ça?

-On t'expliquera. Tu peux te dépêcher, s'il te plait?

Il me fallut un bon bout de temps pour rattraper tous les super-héros. Certains étaient loin devant, d'autres loin derrière, sans parler de ceux qui s'étaient arrêtés parce qu'ils avaient mal aux pieds, ou pour jouer au jeu du loup garou parce que, comme me l'expliqua Stan "c'était plus marrant la nuit".

Je crois bien avoir distribué cinq ou six coup de poings de fer: il y avait quelques têtus dans le groupe.

Bref, une fois ma tâche accomplie, c'est vers Mary que je me dirigeais pour en savoir plus. Justement, elle discutait avec The Lord.

-Ces types sont des malades, racontait-il. Ils m'ont fait sortir par le hublot, direct dans l'eau. On a chopé un canot de sauvetage, et puis on a atterri dans le coin. Ils voulaient m'emmener, mais j'ai réussi à utiliser mon médaillon et ils m'ont foutu la paix. Je leur ai dit de vous chercher; ces cons ont couru dans la mer et ils se sont noyés. Après je vous ai vus partir du village, vous étiez pas vraiment discrets, d'ailleurs. Je vous ai rattrapés, et me voilà!

-Mystère The Lord résolu, termina Neil.

-Et la prochaine fois que Captain Sports Extrêmes essaye de nous refourguer ses potes, je les vire à coups de pompes dans l'oignon, ajouta Mary.

L'intéressé regardait intensément un épi de blé, comme s'il essayait de le faire fondre, tandis que tous les regards se tournaient dans sa direction. Il leva la tête:

-Oui, ben ils avaient l'air sympa! En plus ils jouaient au paint-ball! Si les méchants se mettent à jouer au paint-ball, comment on les différencie des gentils, nous?

The Lord avait l'air assez remonté, mais c'était plutôt contre Klaus, qui avait laissé les deux agents le surveiller à sa place. Celui-ci lui répondit plutôt férocement:

-Oui, moi j'ai peut-être fait une connerie, mais je suis pas un ex-super vilain reconverti qui se trimballe avec un médaillon comme si ça lui donnait l'air cool!

Il se leva et continua:

-Parce que le médaillon, désolé, mais c'est hyper démodé! Et je vous parle même pas de la tenue que vous mettez avec!

Puis il s'éloigna en tapant des pieds.

J'ai bien cru que j'allais avoir un fou-rire. Mais comme les autres ne semblaient pas être d'humeur à rigoler, je me suis retenue.

John remit tout le monde en marche, même ceux qui n'avaient rien suivi de la conversation parce qu'ils étaient repartis jouer au loup-garou. Stan s'énerva un peu:

-Nan mais c'est chiant, là! On a une occasion unique de jouer au loup-garou la nuit dans un champ de blé, et on doit marcher comme des cons! Nan, franchement, c'est chiant!

-Ta gueule et marche, répondit Steve.

Je m'éloignais un peu de la dispute qui avait éclaté pour me remettre à marcher, non loin de Mary et The Lord pour entendre les conversations, mais pas trop près pour ne pas y participer.

-Alors, que s'est-il passé? Quel est l'enculé qui m'a empoisonné la gueule? Demanda Ethan. Je me souviens plus trop.

-Justement, j'allais te le demander, répondit Mary. 

-Ben je sais pas, il y avait un type, on a un peu parlé, et il m'a sauté dessus. Impossible de me souvenir de qui c'était.

-Moi, je sais.

Tout le monde se tourna vers la personne qui avait parlé. C'était Jennifer, qui marchait avec un bras passé autour de John. Sa mère était juste à côté d'eux. 

-Je l'ai vu, continua-t-elle, et c'est même pour ça que je suis tombée à l'eau. 

-Tu ne pouvais pas le dire plus tôt? S'écria John.

Elle lui donna un petit coup dans le dos.

-Oui, bah ça va, hein! J'ai failli me noyer, je te rappelle! Et puis tu t'es pas précipité pour me dire que vous étiez des super-héros, toi!

Elle avait touché juste. John ne parla plus et elle s'adressa à Mary:

-C'est le grand en costard, Mac Machin. 

-Mac Cormack?

-Ouais, voilà, c'est ça. 

Mary me regarda avec inquiétude. Mais après avoir entendu ceci, je ne réfléchis pas. Neil était un peu plus loin, devant nous. Je le rattrapais en courant. 

Le coup de poing qu'il se prit en pleine face à ce moment-là marqua sans doute son esprit pour longtemps. Il faut dire que j'avais utilisé mon pouvoir et qu'une main en plomb lui heurta le nez et la mâchoire. Il y eut un grand CRAC, puis il s'étala au sol. 

Lorsqu'il se mit en position assise, il avait le visage plein de sang. Son nez avait l'air cassé. Il me regardait avec étonnement, et je fulminais. Il tenta de parler:

-Qu'est-ce... AIE!

Il porta sa main à sa mâchoire. Il avait visiblement très mal. Mary accourut à petites foulées. Incapable de parler, il la regarda, les yeux pleins de larmes de douleur. Elle haussa les épaules:

-Tu l'as pas volée, celle-là.

J'aurais pu en rester là. Mais il a fallu que j'en rajoute. J'ai dit des choses... Qui n'avaient pas beaucoup de sens, je crois. Mais ça ne comptait pas. Ce qui comptait, c'était le volume. Je ne crois pas avoir jamais hurlé aussi fort qu'à ce moment-là. Déjà qu'on était pas discrets-discrets... Si une moitié de la France ne nous avait pas encore entendus, c'était chose faite. 

Au bout d'un moment, j'ai arrêté, parce que je m'étais reçu une pierre sur la tête. Je crois que je ne saurais jamais qui l'a lancée: quand je me suis retournée, tous les supers-héros étaient là, et me regardaient d'un air innocent. 

-Ca va, reprit Mary. On se remet en marche avant qu'on nous trouve. 

Cette fois, tout le monde obéit sans rien dire. Ils étaient un peu sous le choc. Neil s'est relevé et s'est fondu dans le rang, le plus loin possible de moi. Ethan, lui, s'est rapproché.

-Merci, c'était sympa, m'a-t-il dit. 

J'ai haussé les épaules. 

Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Chez Neil Mac Cormack, chez The Lord, chez Mary, chez John Senior. Tous les "anciens", en quelque sorte. Ils nous cachaient quelque chose. 

Cela s'est en partie confirmé au moment où j'ai vu un type que je ne connaissais pas, mais qui ne me semblait pas appartenir à notre groupe, au vu de sa tenue de paysan. 

Il marchait de travers, comme s'il était soûl. Mais le plus étonnant restait ses yeux. Ils brillaient et lancaient des éclairs. Des éclairs violets.